1. Réhabiliter la politique budgétaire
Il est temps que la politique budgétaire retrouve aux côtés de la politique monétaire la plénitude de son rôle d’instrument privilégié des autorités économiques. Pour cela, tout le processus budgétaire devra être revalorisé, de la préparation au contrôle, en passant par le vote et l’exécution. Ce processus, comme toute chaîne, est aussi solide que le plus faible de ses maillons : il serait donc vain d’en hiérarchiser les tâches, de se focaliser sur certaines et de négliger les autres. Au contraire, une avancée harmonieuse et progressive est requise sur les divers tableaux. C’est à cette condition que la politique budgétaire pourra retrouver, dans un avenir prévisible, son rôle d’orientation de la politique économique et sociale du pays.
2. Renouer - à terme - avec les excédents budgétaires
Une fois que la politique budgétaire aura retrouvé la plénitude de son rôle, elle devra se conformer à la partition qu’auront écrite les autorités. En d’autres termes, le budget devra traduire en chiffres les orientations socio-économiques majeures de la nation et les moyens de les mettre en œuvre. En somme, les charges de l’État reflèteront ses choix, alors que ses ressources indiqueront les moyens d’y parvenir, encore que la manière dont seront levées les recettes constitue un choix économique à part entière.
3. Réaménager la fiscalité
L’efficacité d’une politique fiscale se mesure à sa capacité à assurer le maximum de recettes à l’État sans entraver l’activité économique dans le pays, et l’optimisation des rentrées ne se réalise que lorsque l’économie tourne à plein rendement. Civisme fiscal, réforme de l’administration fiscale et réaménagement de l’impôt, trois défis pour guider notre action collective sans délai.
4. Rétablir l’orthodoxie monétaire
La Banque centrale est la seule garante de l’orthodoxie monétaire. Notre économie devra disposer d’une monnaie stable et forte et d’une institution monétaire indépendante et vigilante pour la garder. La politique monétaire saine et efficace qui prend à son compte ces exigences reste un passage obligé vers le “carré magique” de la prospérité économique conjuguant quatre objectifs indépendants : croissance, plein emploi, stabilité des prix et équilibre extérieur. Aucun d’entre eux ne pourra être atteint sans une discipline monétaire.
5. Repenser la subsidiarité
Le lien qui fait que le libéralisme économique et le progrès social forment un tout indissociable est le principe de subsidiarité. Ce dernier voudrait que des échelons supérieurs soient appelés à intervenir seulement lorsque les niveaux inférieurs n’y seraient pas préparés ou n’en seraient pas capables. Ceci vaut tout autant pour le secteur privé que pour le secteur public. : la décentralisation et la subsidiarité constituent les deux faces d’une même médaille. Le principe de subsidiarité est l’un des thermomètres les plus sûrs de sa santé : selon qu’il soit bafoué ou respecté, l’économie du marché se portera plus ou moins bien. Néanmoins, la subsidiarité sans civisme au Liban a mené, par le passé, l’individu aux pires excès, et l’État aux plus graves manquements, d’où la nécessité de corriger le tir : à chaque acteur de jouer son rôle, rien que son rôle, mais tout son rôle. Aux citoyens de vivre leur liberté et de s’épanouir, mais dans la solidarité ; aux entreprises de créer de la richesse, mais dans le périmètre de la loi ; aux pouvoirs publics de veiller à l’intérêt général, et au besoin, d’intervenir pour le faire prévaloir. Seule une telle répartition de tâches serait susceptible d’obéir aux exigences de l’efficacité et de l’éthique.
6. Redéfinir et revaloriser le rôle de l’État
Conformément aux thèses libérales auxquelles reste fermement attaché notre pays, le rôle dévolu à l’État devra se limiter à la défense exclusive de l’intérêt général, qui n’est certes plus aujourd’hui ce qu’il a pu être hier : la société libanaise a changé, et l’État devra évoluer à son tour, mettant ainsi fin à la crise qui le paralyse depuis plusieurs décennies. L’économie sociale de marché confère aux pouvoirs publics un rôle à la fois restreint et valorisé : non pas celui d’agir de façon discrétionnaire, mais d’établir et de garantir les règles permettant un fonctionnement harmonieux des processus économiques dans une logique de libre entreprise. Cela signifie que l’État peut et doit intervenir lorsque les mécanismes de marché sont pris en défaut. Un État moderne, qui en plus des missions qui lui sont définies, devra être actif, efficace, régulateur, redistributeur et garant de la société.
7. Réformer l’administration
Les fonctionnaires sont également bien utiles pour insuffler au service public bon sens et clairvoyance et lui permettre d’économiser de précieux deniers publics en anticipant les événements plutôt qu’en les subissant. La formation des fonctionnaires devrait également porter sur l’enseignement moderne des Sciences politiques et sociales, ainsi qu’une culture administrative générale, dispensés dans le souci de l’accès au terrain que les futurs agents apprendront à mieux connaître.