1. Planifier l’avenir du Liban via une approche contemporaine et moderne.
La planification est la genèse de toute stratégie économique qui vaille. Elle est la seule susceptible d’assurer la cohésion sociale au Liban. Les départements ministériels, les collectivités locales, les organisations professionnelles, les centres universitaires et les instituts de recherche économique devront exister pour faire entendre leur voix dans le pays. L’administration libanaise de la statistique, par exemple, devra retrouver toute sa place en tant que fournisseur essentiel de données, brutes et traitées, aux divers organismes publics, et à leur tête, celui en charge du Plan. La planification est l’étape préalable au développement socio-économique juste et équilibré que le peuple souhaite fortement. Pour pouvoir pleinement jouer son rôle, la planification devrait avoir les moyens de ses ambitions et se plier aux exigences du consensus, de la souplesse, de la rigueur, de la clarté et du réalisme.
2. L’objectif principal de toute nation est de produire de la richesse afin d’assurer à tous ses citoyens un niveau de vie convenable et en constante amélioration. À long terme, aucun paramètre n’est susceptible de tirer vers le haut le niveau de vie national autant que la compétitivité. Autant secteurs public et privé ont pu faire cavaliers seuls, autant ils devront apprendre à cohabiter, ne serait-ce que durant la période délicate qui approche et que la collectivité libanaise semble aborder en rangs dispersés. Le déclenchement d’une dynamique vertueuse est à ce prix.
3. Avant de s’engager et d’engager la collectivité dans l’importante et coûteuse entreprise de redressement, il est important de fixer des objectifs quantitatifs et qualificatifs afin de ne pas briser la dynamique requise. La reconstruction n’est pas une simple opération comptable, et l’économie ainsi que la société ne réagissent que rarement de manière prévisible. En ce sens, il est important de tenir compte, lors de l’allocation sectorielle des ressources, de la capacité d’absorption du secteur, de l’impulsion de départ, des effets de seuil et du rendement des investissements.
4. Aucune vision à long terme n’est valable si elle ne prend pas en considération les réalités de la région et celles de la concurrence féroce qui y a lieu. Pour être à la hauteur du défi, la croissance des ressources humaines et de la production est capitale surtout celle engagée dans le domaine de l’éducation, de la parité des genres dans la sphère publique, de la diversité, etc. L’industrie, dont l’électronique, et les secteurs des services tels que la banque, le transport et le transit, le tourisme, la construction et l’assurance sont à développer et à exploiter.
5. Dans l’effort de création de cadres hautement qualifiés d’instituts de recherche spécialisés dans des disciplines sophistiquées et des réseaux numériques de communication, l’État est amené à jouer un rôle primordial à travers une revalorisation de l’enseignement public et des investissements dans l’infrastructure à forte valeur ajoutée. Les acteurs privés, tels que l’entreprise et l’université, sont également tenus d’apporter leur contribution. Ces facteurs ne seront pas seulement créés, mais également entretenus et développés au risque de perdre pied face à la concurrence régionale.
6. En dépit de son exiguïté, le marché libanais est l’un des plus sophistiqués de la région. Les consommateurs y sont aussi exigeants qu’informés des toutes dernières sorties de produits de par le monde. Cette intégration à sens unique constitue à la fois une menace et une opportunité pour les secteurs productifs libanais étant donné que le Liban importe six fois plus qu’il n’exporte.
7. ll est impératif de mettre en place les conditions nécessaires lui redonner fierté et espoir, et favoriser l’installation des jeunes agriculteurs pour compenser l’effet désastreux de la pyramide des âges dans ce secteur. Actuellement, une bonne moitié de ces professionnels ont plus de cinquante ans.
8. Une stratégie économique gagnante se construit d’abord autour de quelques secteurs de pointe dont le pays dispose. Il apparaît que les intervenants libanais pourraient jouer un rôle d’avant-garde dans cinq secteurs : la finance, le tourisme, le commerce, la logistique de transit et de transport et celui de l’intelligence, sans pour autant que le pays ne se désengage des autres secteurs.
9. Au commencement, une politique de transition numérique (haut-débit, fibre) couplée à la reconnaissance de la faculté d’adaptation de l’administration et de ses réseaux à la révolution numérique pour y proposer les formations continues de haut niveau (avec l’Éducation nationale, l’Institut national de l’Administration, l’Université et les entreprises volontaires).
10. Poser les bases d’une zone arabe proche-orientale de libre-échange
Pour que des projets aussi ambitieux que l’expansion économique et l’amélioration du niveau de vie soient mis en œuvre aucun peuple arabe du Machrek ne devra manquer à l’appel. Taille optimale, complémentarité économique, richesse humaine et communauté de destin : les “fondamentaux” sont en place pour la réussite d’une zone arabe proche-orientale de libre-échange. Une intention louable et un projet mobilisateur dont l’ambition est de solidariser sans dépersonnaliser, d’harmoniser sans contraindre, et de protéger sans étouffer.